1.
Zig et zig et zig, la Mort en cadence
Frappant une tombe avec son talon,
La Mort à minuit joue un air de danse,
Zig et zig et zag, sur son violon.
Le vent d’hiver souffle, et la nuit est sombre ;
Des gémissements sortent des tilleuls ;
Des squelettes blancs vont à travers l’ombre,
Courant et sautant sous leurs grands linceuls.
Zig et zig et zig, chacun se trémousse,
On entend claquer les os des danseurs ;
Un couple lascif s’asseoit sur la mousse,
Comme pour goûter d’anciennes douceurs.
2.
Zig et zig et zag, la Mort continue
De racler sans fin son aigre instrument.
Un voile est tombé ! la danseuse est nue,
Son danseur la serre amoureusement.
La dame est, dit-on, marquise ou baronne,
Et le vert-galant un pauvre charron ;
Horreur ! et voilà qu’elle s’abandonne
Comme si le rustre était un baron.
Zig et zig et zig, quelle sarabande !
Quel cercle de morts se donnant la main !
Zig et zig et zag, on voit dans la bande
Le roi gambader auprès du vilain.
Mais, psit ! tout à coup on quitte la ronde,
On se presse, on fuit, le coq a chanté.
— Oh ! la belle nuit pour le pauvre monde,
Et vivent la Mort et l’égalité !